Les lobbys sabordent la transition énergétique.

Publié le par collectif anti-gaz de schiste des Arcs sur Argens

22.06.2012 Par L. A. ET L. N.

Shell et les pétroilers se sont mobilisés pour démarrer les travaux de forage en Guyane ce week-end. C’est au large de la Guyane, à 150 km des côtes, que s’est jouée une bataille navale éclair. Mais Nicole Bricq touchée, la transition énergétique est-elle coulée ? Disons qu’elle s’engage plutôt mal, s’il s’agit de promouvoir l’exploitation de gisements pétroliers en profondeur dans des zones d’une exceptionnelle biodiversité. Grand débat. Dès son arrivée au ministère, Nicole Bricq s’était pourtant attelée à la tâche. Début juin, elle annonçait une conférence environnementale pour juillet et comptait bien préparer, pour l’automne, le grand débat public sur l’énergie promis par le candidat Hollande. Au menu : fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, renforcement de la filière photovoltaïque… La transition énergétique, c’est «le» dossier écologiste du quinquennat socialiste. Première étape pour la sénatrice de Seine-et-Marne, par ailleurs farouchement opposée à l’extraction des gaz de schiste, la réforme du code minier. Ce texte né en 1810, retouché une vingtaine de fois depuis, ne correspond plus aux attentes de transparence. D’inspiration libérale, il accorde une licence quasi totale aux détenteurs des permis d’exploration, qu’il s’agisse de gaz, d’uranium, de charbon ou de pétrole. La ministre de l’Ecologie sous Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, avait tenté d’y toucher après le tollé sur l’exploration sur les gaz de schiste en Lozère, Ardèche et Ile-de-France. «La nouvelle ministre avait très très envie de réformer le code minier», explique un conseiller ministériel. Son idée : rendre les forages plus transparents, informer les populations, mener des enquêtes publiques, contraindre à des explorations plus soucieuses de l’environnement et veiller aux retombées locales. Mais cette réforme serait entrée en vigueur dans un an au mieux. «Trop tard en tout cas pour s’appliquer au cas qui nous intéresse, celui du pétrole guyanais», note un membre du ministère. Arrêtés. La semaine dernière, anticipant sa réforme, la ministre décidait de ne pas signer l’arrêté actant du démarrage des travaux du consortium en Guyane, provoquant une vive inquiétude chez les pétroliers. «Il faut rappeler l’importance de ce gisement guyanais pour la France», précise le président de l’Union française des industries pétrolières, Jean-Louis Schilansky, qui a fait un lobbying d’enfer pour que Shell puisse démarrer ses travaux. «On parle de 150 000 barils par jour, soit 8 à 9% de la consommation annuelle de pétrole en France. Et la production pourrait générer 6 milliards d’euros par an.» Hors de question de s’en passer. Mercredi, les arrêtés ont été signés par le préfet Denis Labbe et les travaux démarrent ce week-end. Ce dossier illustre à merveille la difficulté d’engager une transition énergétique en France, pays qui compte un géant du pétrole et le leader mondial du nucléaire. Si Bricq a sauté à cause de cette histoire de forage, «ça montrera la tonalité clairement productiviste voulue par ce gouvernement», analyse le sénateur d’Europe Ecologie-les Verts Jean-Vincent Placé. «On n’a pas découvert avec Shell que les socialistes pouvaient être sensibles aux pressions des lobbys», poursuit un autre cadre de EE-LV. Avec le pétrole de Guyane, c’est l’indépendance énergétique que le gouvernement veut conquérir, pas la transition.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article