Le regard des Français évolue sur le gaz de schiste.

Publié le par collectif anti-gaz de schiste des Arcs sur Argens

 

Des Français plus sensibles au potentiel d'activité et d'emplois.

 

LE REGARD DES FRANÇAIS évolue sur le gaz de schiste. Selon le sondage réalisé par l'IFOP entre le 28 février et le 1er mars, " les Français sont un peu moins fermés au gaz de schiste ", résume Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'institut. Le sondage, réalisé pour la société eCORP Stimulation Technologies (ecorpStim) spécialisée dans l'extraction des hydrocarbures conventionnels et non conventionnels, a été réalisé auprès d'un échantillon de 1 508 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

 

De fait, par rapport à une enquête similaire menée par l'IFOP, en août 2012, pour Le Monde, les lignes ont bougé. Les personnes interrogées sont désormais 92 % à " avoir déjà entendu parler du gaz de schiste " (contre 84 % il y a six mois) et, surtout, 53 % à savoir " de quoi il s'agit " (contre 44 %).

 

Mieux informé, le public reste massivement préoccupé par l'impact environnemental de la fracturation hydraulique. A des niveaux quasi identiques à ceux de la précédente étude, il pense qu'elle " consomme de très grandes quantités d'eau " (94 %), qu'elle " contribue à la pollution des nappes phréatiques par les produits chimiques " (90 %), et que l'exploitation du gaz de schiste est " une technique que l'on maîtrise mal " (85 %).

 

Ce qui a changé, c'est que le potentiel du gaz de schiste séduit davantage. Son exploitation " augmenterait l'indépendance énergétique de la France " pour 74 % des sondés (+ 13 points), créerait de " nombreux emplois " pour 71 % (+ 15 points) et limiterait " le recours à d'autres énergies comme le nucléaire " pour 60 % (+ 12 points). " Le contexte économique - hausse du chômage, flambée des carburants, débat sur la désindustrialisation - entraîne une adhésion plus forte aux avantages potentiels de cette énergie ", analyse M. Fourquet.

 

Exercice de communication

Désormais, plus de la moitié de l'échantillon (58 %) se dit " favorable à ce que des forages soient autorisés (...) dans un but de recherche scientifique pour évaluer les ressources ". (Note de la blogueuse : ça tombe bien, la recherche scientifique est toujours autorisée ! Loi du 13 juillet 2011 non abrogée !) A l'été 2012, ils n'étaient que 48 % à approuver des forages " dans un but d'expérimentation et de recherche ". Si les sympathisants de l'UMP sont les plus chauds partisans de forages exploratoires (76 %), ceux du PS y sont aussi favorables (60 %).

 

La dernière question révèle la véritable finalité du sondage. Elle est ainsi libellée : " S'il existait aujourd'hui une technologie alternative qui ne nécessitait ni eau ni produits chimiques pour extraire le gaz de schiste, seriez-vous favorable à ce qu'elle soit testée à titre expérimental en France ? " La réponse est positive à 80 %, les proches d'Europe Ecologie-Les Verts souscrivant eux-mêmes, à 56 %, à une solution implicitement présentée comme parfaitement " propre ".

 

Il faut savoir que le commanditaire de l'étude est une filiale de la société pétrolière et gazière américaine, eCORP International. Elle a récemment mené, sur un gisement de gaz de schiste du Texas, un essai de "stimulation " de la roche par du propane, avec, assure-t-elle, " un impact minimal sur l'environnement ".

Si l'on avait demandé aux Français s'ils approuvent l'usage d'un gaz inflammable, explosif et asphyxiant -ce qu'est le propane -, leur réponse aurait sans doute été tout autre.

 

Derrière son objectivité affichée, ce sondage montre qu'il peut cacher un bel exercice de communication. Au final, c'est sur l écrasante majorité des citoyens " favorable à l'expérimentation d'une technologie alternative à la fracturation hydraulique " que communiquera ecorpStim ... Une technologie telle que la propose justement cette entreprise ?

 

Pierre Le Hir

© Le Monde, 28 mars 2013

 

Note de la blogueuse : Et voilà un sondage de plus faussement objectif…

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article