L'Afrique du Sud lève son moratoire sur l'exploration du gaz de schiste

Publié le par collectif anti-gaz de schiste des Arcs sur Argens

Johannesburg Correspondance

Le gouvernement veut diversifier ses sources d'approvisionnement pour résoudre la crise énergétique Lourde déception pour les défenseurs de l'environnement. Le gouvernement sud-africain a décidé de lever, samedi 8 septembre, le moratoire instauré en 2011 sur l'exploration du gaz de schiste. Les industriels vont à nouveau pouvoir déposer des permis. Les fermiers du Karoo, où se trouverait l'un des principaux gisements, ont également exprimé leur désapprobation. " Nous avions réussi à médiatiser notre combat contre l'exploitation du gaz de schiste, et le gouvernement nous avait entendus ", rappelle Jonathan Deal, le coordinateur de l'association de protection du Karoo (TKAG), qui regroupe des propriétaires fermiers de cette région semi-désertique à l'écosystème fragile, située dans le sud du pays. La décision n'est cependant pas une surprise. Plusieurs membres du gouvernement se sont récemment exprimés en faveur des gaz de schiste. Dont la ministre de l'énergie, qui considère cette ressource comme " un cadeau de dieu ". Jonathan Deal voit dans la décision gouvernementale le résultat d'une " puissante campagne de lobbying " des compagnies qui lorgnent sur le sous-sol sud-africain, riche des cinquièmes réserves mondiales de gaz de schiste, selon une étude de 2011 du bureau américain de l'information sur l'énergie (EIA), qui reste néanmoins controversée. Voulant investir 160 millions d'euros pour explorer près de 9 000 kilomètres carrés, le groupe anglo-néerlandais Shell a su parler aux autorités en finançant, en mars, une étude réalisée par le cabinet Econometrix sur les retombées économiques de cette exploitation. Alors qu'un Sud-Africain sur quatre est au chômage, les chiffres largement diffusés sont vertigineux : 350 000 emplois seraient créés, et 8 milliards d'euros seraient injectés chaque année dans le produit intérieur brut si seulement 4 % des réserves estimées étaient exploitées. Selon l'étude, celles-ci pourraient aussi " fournir l'énergie nécessaire à l'Afrique du Sud pendant 400 ans, au rythme actuel de consommation ". Un argument de poids au moment où les autorités essaient de diversifier leurs sources d'approvisionnement pour mettre fin à la crise énergétique chronique du pays. Les associations écologistes ont dénoncé des " chiffres volontairement gonflés ". La technique de fracturation hydraulique qui est au centre du débat sur l'exploitation des gaz de schiste permet de récupérer la ressource en forant dans la roche sur plusieurs kilomètres de profondeur en y injectant des millions de litres d'eau, du sable et des produits chimiques. Le risque de pollution des nappes phréatiques est dénoncé par les opposants tandis que les industriels contestent les dangers de cette technique sur l'environnement. Chiffres gonflés Au lendemain du moratoire, un comité d'experts avait été chargé par la ministre des ressources minérales, Susan Shabangu, de faire une étude d'impact environnemental. C'est sur ces recommandations que le gouvernement dit avoir pris sa décision. Le rapport n'a toutefois pas été rendu public. Les écologistes craignent que les futures règles imposées aux compagnies extractrices ne soient pas suffisamment contraignantes, alors que depuis quelques années, les conséquences écologiques et sanitaires d'un siècle d'exploitation des mines en Afrique du Sud sont de plus en plus visibles. Susan Shabangu doit tenir prochainement une série de consultations publiques. " Nous allons continuer à nous battre en continuant à alerter la population, assure Jonathan Deal. S'il le faut, nous irons jusqu'à la Cour constitutionnelle pour garantir un développement durable à nos enfants et petits-enfants. " Sébastien Hervieu © Le Monde article précédent article suivant Six cents emplois concernés dans... Baisse de 2,5 % des émissions de... Journal Electronique http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20120911... 1 sur 1 10/09/2012 16:12

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