Aux USA le sable à la rescousse de l'emploi peu qualifié
article suivant
27 mai 2012 rendez-vous
ÇA PEUT ARRIVER DEMAIN
Aux Etats-Unis, le sable à la rescousse de l'emploi peu qualifié
New York, correspondant
Quand Barack Obama, lors de son discours sur l'Etat de l'Union, à la fin janvier, fit l'apologie du gaz de schiste - " Nous avons près de cent ans de réserves de
gaz, et mon administration fera tout son possible pour développer cette énergie de façon sûre " -, les compagnies pétro-gazières qui misent sur ce nouvel "
eldorado " ne furent pas les seules à se réjouir. Ce fut aussi le cas de leurs sous-traitants plutôt inattendus, les producteurs d'une autre matière première dont la
collecte et les ventes s'envolent aux Etats-Unis : le sable ! Car celui-ci est devenu une composante incontournable de la prospection et de l'exploitation du nouvel
" or transparent ".
Explication de texte : en quatre ans, la part du gaz de schiste est passée de 2 % à 8 % de la production totale de gaz aux Etats-Unis. On trouve ce type de gaz dans
les deux grandes chaînes montagneuses du pays qui le traversent du nord au sud, les Rocheuses et les Appalaches, mais aussi dans les plaines texanes, en
Pennsylvanie et jusqu'en Floride. Bref, quasiment sur tout le territoire : prospection faite, une trentaine d'Etats américains en détiennent à ce jour, à des
profondeurs variant de 1,5 à 2,5 km sous terre. Quant au sable, son usage est rendu impératif par le mode d'exploitation du gaz, dit par " fracturation ". Celui-ci
est généralement enserré dans des poches situées au milieu de roches plus ou moins dures. Pour y accéder et le faire remonter vers la surface, on injecte sous
pression des millions de mètres cubes d'eau mêlée à divers produits chimiques et surtout... à du sable.
L'injection sous une énorme pression de ces grandes quantités de boues fractionne la roche et crée les failles par lesquelles le gaz remontera vers des réceptacles
(c'est beaucoup plus compliqué, mais c'est le principe), d'où il pourra être pompé. Voilà comment l'Amérique s'est couverte de forages. Voilà aussi comment on
est passé de 6 millions de tonnes de sable consommées par l'industrie pétro-gazière américaine en 2007 à presque 29 millions en 2011 !
Des Etats du nord du " Midwest " (le Centre-Ouest) américain, comme le Wisconsin ou le Minnesota, possèdent un des sables les plus recherchés pour sa
solidité (ses grains résistant mieux à l'énorme pression de l'injection d'eau). Les prix du sable de la meilleure qualité peuvent atteindre jusqu'à 50 dollars la
tonne, et des carrières d'exploitation ont commencé à fleurir dans les zones les plus riches. Dans le seul Wisconsin, on en compterait désormais une soixantaine.
Il s'en ouvre deux par mois à travers le pays... Partout, ces sites sont accueillis comme une manne pour régénérer l'emploi de salariés peu qualifiés, qui ont le
plus de difficultés à en trouver.
Les forages gaziers par fracturation suscitent des oppositions virulentes pour les dégâts environnementaux que causeraient leurs déchets toxiques incontrôlés,
surtout dans les cours d'eau et les nappes phréatiques. Plusieurs Etats, après celui de New York, ont instauré un moratoire sur ce type de prospection gazière. De
même, les nouvelles carrières de sable commencent à se heurter à une hostilité croissante. Pour ses contempteurs, la récolte du sable, usuellement à ciel ouvert,
générerait des pollutions de l'air à des niveaux inacceptables.
Sylvain Cypel
© Le Monde
Journal Electronique http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20120527/html/849153.html
1 sur 2 26/05/2012 17:46