L'essor du biogaz en France, une piste pour la transition énergétique
L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie a publié une étude sur une généralisation du gaz renouvelable d'ici à 2050
Et si les 11 millions de foyers qui consomment du gaz étaient alimentés par du gaz renouvelable produit dans l'Hexagone, plutôt que par du gaz fossile importé ? C'est la question à laquelle ont cherché à répondre les réseaux chargés de son transport et de sa distribution (GRDF et GRTgaz) et l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), dans une étude rendue publique mardi 30 janvier.
L'objectif de ce document est de démontrer que le gaz, qui représente 21 % de la consommation énergétique en France, peut être un levier important dans la transition énergétique. Comment ? En s'appuyant sur l'émergence du gaz renouvelable, parfois appelé biogaz ou gaz vert, et d'imaginer l'impact sur l'économie et l'environnement qu'aurait sa généralisation. " Dans les scénarios de transition énergétique, on néglige souvent la chaleur et le gaz, qui occupent pourtant une place très importante ", note... le président l'Ademe.
Sujet relativement méconnu du grand public, le gaz vert ne représente aujourd'hui que 0,1 % de la consommation de gaz en France. Mais sa progression est rapide, et le réseau de distribution, GRDF, espère qu'il atteindra 30 % dès 2030.
Le gaz renouvelable peut être obtenu de trois manières différentes. Aujourd'hui, on parle surtout de méthanisation : des micro-organismes dégradent des déchets agricoles, ou des déjections animales dans un méthaniseur, ce qui permet de produire du biogaz. Un autre processus nommé pyrogazéification utilise du bois ou des résidus de bois. Enfin, les surplus d'électricité produits par les éoliennes ou les panneaux solaires peuvent aussi servir à produire du gaz renouvelable à travers une opération élégamment appelée " Power to Gas ".
L'un de ses principaux avantages ? Il pourrait être intégralement produit en France. Aujourd'hui, la quasi-totalité du gaz consommé dans l'Hexagone est importé de Russie, de Norvège ou encore d'Algérie, par gazoduc ou par bateaux.
Autre point soulevé par l'étude : la méthanisation pourrait constituer un revenu complémentaire pour de nombreux agriculteurs, qui valoriseraient ainsi les déchets de leur production agricole. ... C'est aussi un gisement potentiel d'emplois, avec une filière qui pourrait créer entre 5 000 et 10 000 postes d'ici à 2020, selon les industriels du secteur. Surtout, il s'agit là d'un scénario qui réduit les émissions de gaz à effet de serre liées à la production et à la consommation de gaz.
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" D'abord, ceci doit s'inscrire dans un contexte de demande de gaz réduite " ... Le président de l'Ademe note aussi que, pour parler de gaz véritablement renouvelable, il faut que les pouvoirs publics veillent à un développement qui limite au maximum l'impact sur les forêts et les terres agricoles.
Enfin, un autre écueil peut nuire au développement du gaz renouvelable : son coût. A l'heure actuelle, les scénarios de l'Ademe estiment que le gaz renouvelable coûterait quatre à cinq fois plus cher que le gaz fossile importé. Même si le passage à une plus grande échelle et la mise en place de taxe sur le carbone pourraient le rendre plus compétitif à l'avenir.
Nabil Wakim
Extraits du Monde du 31 janvier 2018